Je m'insurge, j'ai envie. C'est l'humeur des matins, en ce moment de ma vie.
Cette fois, je m'insurge contre la loi qui fait foi, si on ne veut pas devenir les dinosaures vertébrés de notre cher XXIe siècle. celle qui oblige à consommer de la série à tout-va.
Il est parfois si peu spirituel, si peu pétri d'humanisme, si peu plein de générosité, ce siècle. Ce serait dommage d'être en-dehors du mouvement... De ne pas être dans le coup, surtout au détour d'une soirée, d'un cocktail, d'un repas entre collègues.
Mais non!
Il s'agit de ne pas en être. Mais il faut voir, tout de même.
Les émotions à fleur de peau, à peine exprimées, les regards qu'une caméra 35 mm saisit dans toute leur innocence (sublime Michèle Morgan dans Quai des Brumes), leur diabolique machinerie (Simone Signoret dans L'Armée des Ombres ou le Chat), leur désir (Catherine Deneuve dans Le dernier métro ou Humphrey Bogart dans Casablanca), comment peut-on ressentir cette chose-là, quand on regarde une série ?
Les comédiens sont sommés de composer, en fonction des commandes des
scénaristes ou des producteurs qui varient d'une saison à l'autre (d'un épisode à l'autre, même, parfois).
Leurs visages reflètent un triste constat: ils n'incarnent plus rien. Ils ne sont plus ce qu'ils étaient, une saison plus tôt, ils ne sont pas encore ce qu'ils seront, une saison plus tard. Seront-ils plus méchants, plus
cruels, plus angéliques? Ils flottent, dans un perpétuel entre-deux. Ils ne portent plus cette émotion, si chère à mes
yeux de spectatrice amoureuse d'un cinéma à la fois fort et fragile.
Ils donnent à voir ce que nous voulons d'eux, une réalité bien proche de la
nôtre, certes: peut-être est-ce en cela qu'ils sont si à la mode.
Il leur manque pourtant l'essentiel: la magie d'un rôle qu'ils devront endosser, pour 2h de bonheur à l'écran: celle de la peau
d'un personnage qui sera le leur.
La chronologie hâchée, coupée, d'une série (ce qui fait son essence même),
ne me plaît pas.
Elle est trop froide, en dépit de l'intelligence de certains scénarios
(Downtown Abbey).
Heureusement, d'autres dinosaures résistent.
J'aime encore le fait que Léonardo di Caprio se sente obligé de se mettre dans la peau de 23 personnages différents afin de pouvoir être son futur rôle.
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